Le Maroc fait partie des pays qui font des efforts en termes d'investissement ; mais cela ne se traduit pas nécessairement par une croissance économique. Et pour cause, la part de l’investissement public y est prépondérante par rapport à l’investissement privé. L'une des recommandations formulées dans le cadre du nouveau modèle de développement est d'inverser l'équilibre, avec un objectif de 65% d'investissement privé et tout ce que cela implique en termes de redéfinition du rôle de l'Etat... Dans cette équation, les étrangers Investissement direct devra jouer un rôle fondamental.
Il est vrai que les IDE sont en constante évolution au Maroc. Au niveau continental, le Maroc est même en pole position, juste derrière l'Egypte, pour attirer les IDE. Ainsi, à fin octobre, ils ont augmenté de 14,8%, selon l'Office des Changes, malgré un contexte assez morose, pour atteindre 15,4 milliards de DH. Pour autant, « ils restent à un niveau assez faible par rapport au potentiel que cache le Maroc. Ils ne représentent que 2% ou 3% de l'investissement total, sachant que l'Egypte, par exemple, fait deux fois mieux", illustre Xavier Reille, directeur d'IFC pour le Maghreb, lors d'un webinaire sur le thème "Investissements directs étrangers : quelle est l'offre marocaine ?
Au niveau du classement Doing Business, le Maroc continue d’améliorer sa position dans ce classement mondial du climat des affaires. "Que ce soit en termes de durabilité, de sécurité ou de gestion de la crise Covid, le Maroc reste bien positionné", a déclaré Ali Mehrez, directeur du projet AMDIE. Il faut dire que les IDE sont importants d’un point de vue macroéconomique, puisqu’ils contribuent à équilibrer la balance commerciale ; Le Maroc n'est pas un grand exportateur ; mais pas seulement. Ils ont un rôle d’accélérateur de développement. En ce sens, ils apportent de nouvelles normes de gestion, de gouvernance, de régulation…. Par ailleurs, « ils sont considérés comme le moteur du développement de certains secteurs, en termes d’apport de compétences, de connaissances, de création d’emplois, d’intégration dans la chaîne de valeur mondiale, etc., comme c’est le cas du secteur automobile », ajoute Hassan Belkhayat. , membre de la CGEM.
Plusieurs raisons attirent les investisseurs étrangers au Maroc. Sans être exhaustive, Julianne Furman, PDG de Polydesign Systems, cite : "La proximité géographique avec l'Europe, les coûts des facteurs de production et des ressources humaines raisonnables, ainsi que les avantages fiscaux accordés à Tanger par exemple."
De leur côté, les zones d’accélération industrielle continuent d’être un formidable catalyseur pour attirer les investisseurs étrangers tant en termes de facilitation des démarches, de disponibilité de l’information, de simplification des procédures, etc. au point qu’il est communément admis que l’environnement des affaires au Maroc gagne en fluidité et en réformes. Chloé Joachim de Larivière, conseillère juridique chez Gide Loyrette Nouel Casablanca, explique que l'évolution des IDE et l'appétit accru des investisseurs étrangers est le résultat de toutes les réformes mises en œuvre par le Maroc pour améliorer son attractivité. En effet, le droit des sociétés a connu une évolution favorable à l’investissement au Maroc, tant en termes de véhicules que de règles de gouvernance, de parité…
« Il existe un avantage comparatif dont le Maroc peut se vanter. Il s'agit du fait qu'il n'accorde aucune importance à la nationalité des investisseurs étrangers, contrairement aux règles imposées par certains pays voisins», note Mme De Larivière. Il ajoute : « De plus, la réglementation des changes est assouplie, les investisseurs ont toute liberté pour rapatrier leurs revenus et il n'y a aucune opposition quant à l'origine du financement (interne/externe). Parmi les dernières réformes importantes figurent l'approbation de la loi sur la sécurité des biens personnels, ainsi que la création du registre national. En effet, plusieurs arguments plaident en faveur du Maroc, en termes d'attraction des investisseurs étrangers, parmi lesquels la stabilité politique et économique, le cadre juridique moderne, évolué et adapté aux attentes, les infrastructures satisfaisantes, la proactivité des pouvoirs publics et l'accessibilité aux énergies renouvelables….
Des acquis à consolider et des axes d’amélioration
Il existe plusieurs acquis sur lesquels le Maroc devra capitaliser pour continuer à promouvoir les investissements étrangers. Il convient néanmoins de prendre en compte certains points d’amélioration. Mme De Larivière fait référence à l'accès à l'information juridique qui, même si des progrès ont été réalisés, reste encore insuffisant. De même, les délais de mise en œuvre des décrets d’application après le vote des lois restent longs. La langue de publication des lois pose toujours problème, dans le sens où la traduction n'est pas toujours réalisée de manière concomitante. Par ailleurs, l'accès à la jurisprudence reste encore insuffisant, malgré quelques efforts en la matière, dans le sens où des sociétés ont été créées chargées de consolider les décisions judiciaires. Par ailleurs, des incitations doivent être mises en place en matière de digitalisation, par exemple, qui a montré tout son intérêt durant cette période pandémique, l'élargissement de certains programmes destinés aux PME aux grandes entreprises, notamment ceux liés aux subventions à l'investissement. Dans l'énergie solaire et éolienne. énergies, ainsi que la formation des ressources humaines. Si le Maroc présente plusieurs avantages par rapport aux pays africains, il faut savoir que les concurrents ne sont pas forcément africains, mais viennent d'Europe centrale ou orientale, comme la Tchéquie, la Slovaquie, l'Albanie, la Bulgarie. Si l’on prend comme exemple uniquement l’aspect fiscal de ce dernier pays, l’IS et l’IR ne sont que le 10%. D’où les efforts continus pour placer le Maroc sur la liste des pays les plus attractifs en termes d’IDE.
Source : LaVieEco