L’émergence du Covid-19 et ses effets sur l’économie ont amené la Banque centrale des États de la CEMAC à repenser sa politique, alors qu’elle s’apprêtait à cesser chaque semaine d’injecter des fonds dans les banques commerciales.

Le total des investissements bruts réalisés par l’ensemble des entreprises fondées au Cameroun a augmenté de 31,6% en 2021 par rapport à l’année précédente. Si cette croissance de l'investissement brut a été observée dans toutes les branches d'activité au cours de la période analysée, selon l'Institut National de la Statistique (INS), le secteur secondaire (industrie) a enregistré la plus forte hausse (+36,9%).

« L'augmentation des dépenses d'investissement dans le secteur secondaire est une conséquence de la forte augmentation des branches porteuses que sont « l'extraction de produits d'hydrocarbures et autres produits énergétiques » (+60,9%) ; « industrie des boissons » (+86.0%) ; « production et distribution d'électricité, de gaz et de climatisation » (+65,4%) ; et la branche « fabrication de produits métallurgiques de base et chaudronnerie » (+158,6%) », précise le rapport de l'INS.

L’autorité chargée de collecter les statistiques officielles au Cameroun attribue cette hausse des investissements des entreprises au démarrage des opérations après les ravages du Covid-19 en 2020. La Beac, la banque centrale des six pays de la CEMAC, a mis en place une politique monétaire incitative qui a catalysé relance économique (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, République centrafricaine et Guinée équatoriale). L’INS ajoute que « dans une situation de résilience, les entreprises ont pu bénéficier d’une politique monétaire axée sur la reprise de la croissance ».

Alors que la Beac s'apprêtait à arrêter ses opérations hebdomadaires d'injection de liquidités auprès des banques commerciales et à les remplacer par des retraits sur les coffres-forts des établissements de crédit, elle a été contrainte de les reprendre en mars 2020, au lendemain des premiers cas de coronavirus. dans les pays de la CEMAC.

Ce démantèlement, qui répondait aux demandes des banquiers (Apeccam) et des opérateurs économiques (Gicam), visait à donner aux banques d'importantes ressources pour accorder davantage de prêts aux entreprises et autres emprunteurs à taux d'intérêt. Dans une situation où une crise sanitaire s’est finalement transformée en crise économique.

Les banques ont reçu 1,213 milliard FCFA en mars 2021.

Les données de la Beac montrent que tout au long de l'année 2020, ce mécanisme d'oxygénation des banques - qui vise à les inciter à accorder des prêts pour permettre le fonctionnement et l'investissement des entreprises - sera assez sombre. Seule une mobilisation hebdomadaire de 30 à 80 milliards de FCFA est nécessaire, 250 milliards de FCFA étant offerts pour chaque opération. Mais à partir de 2021, le montant des financements que les banques pourront obtenir de la Beac va monter en flèche.

Par exemple, en mars 2021, les opérations hebdomadaires d’injection de liquidités de la Beac dans le système bancaire lui ont permis de mettre une allocation record de 1 213 millions FCFA à la disposition des établissements de crédit de la CEMAC. "Lors des opérations hebdomadaires d'injection de liquidités de la banque centrale sur une période d'un mois, les établissements de crédit de la sous-région n'avaient jamais levé autant de ressources", a relevé le Fonds Autonome d'Amortissement (CAA) dans son rapport sur la dette publique du Cameroun à fin mars. 2021.

Selon les banquiers, ce dynamisme autour du refinancement bancaire auprès de la BEAC ne s'observe que lorsque leurs besoins (trésorerie nécessaire pour répondre aux demandes de crédit des entreprises et des particuliers) dépassent leur consommation habituelle (volume des crédits généralement accordés pour une période donnée).

En clair, Invest in Cameroun décrypte, après la pause observée autour de la pandémie de coronavirus en 2021, les entreprises du Cameroun, pays qui héberge près de la moitié du réseau bancaire de la CEMAC et environ 40% de son tissu industriel, se sont précipitées vers les banques pour obtenir le financement nécessaire à la reprise de leurs activités, avec les investissements ultérieurs.

Source : Econewsafrique